En mission dans les lycées algériens du 13 au 30 novembre 1979aéroport

carteL'Algérie a accédé à l'indépendance depuis 17 ans ; sursitaire pour études au moment de la guerre, c'est la première fois que je pose mes
pieds sur le sol algérien mandaté par le ministère des affaires étrangères et sa sous-direction de l'enseignement en coopération, à la
demande du ministère de l'éducation pour une mission de 17 jours dans les lycées algériens "contrôler les compétences d'enseignants VSNA(très diplômés) en poste en Algérie, inscrits sur les listes d'aptitude et pouvant à ce titre bénéficier des mesures exceptionnelles d'accès dans le corps des P.E.G.C.".
Les proviseurs me poseront tous la question " c'est la première fois que vous venez en Algérie?" en pensant, compte tenu de mon âge que je pouvais être un ancien combattant et ceci devant la plaque commémorant les martyrs de la guerre d'indépendance.
Les traces de l'algérie française :
L'aéroport de Maison Blanche, aujourd'hui se nomme dar el Beïda.
Les lycées français s'appellent encore, Descartes, Eugène Fromentin, Pierre Loti.
La place Bugeaud est devenue Abdelkader et les plaisanteries des coopérants c'est de dire que la rue Anatole-France est devenue Anatole Algérie.
À la sortie du lycée français, un homme me montre sa carte d'identité française et vente la qualité des robinets français par rapport à celui des italiens qui sont très mauvais.
De  la religion :
Le dimanche a été remplacé par le vendredi.

Tizi Ouzou et la Kabylie :

neigeJe ferai la route Alger Tizi-Ouzou dans la voiture de l'ambassade de France en traversant une région en enneigée magnifique très semblable à élèves
nos Pyrénées, les maisons ont gardé leur toit de tuiles.
j'aurai droit au discours autonomiste et anti-arabe, jusqu'à la servante des coopérants qui apparaît comme une rebelle au pouvoir central d'Alger.
Nous arriverons à Bejaï ex Bougie où les coopérants nous feront partager leur repas très chaleureusement.
Envol vers Annaba ex Bône.
Visite-éclair, l'avion de Marseille a un important retard ce qui provoque une file d'attente, des techniciens allemands réclament à voix haute, car ils pensent être victime de discrimination, la population locale passant devant eux.
Le proviseur me montrera son lycée fissuré et dira que les français auraient pu de réparer avant de partir.
À Oran : envol d'Alger sur un DC9 Finlandais de location un peu vieillot.
Nous rencontrerons ici quelques pieds-noirs indéracinables d'origine espagnole employés au lycée français qui m'héberge.dc9
Les vestiges de villas en bordure de mer sont impressionnants, l'espace libéré nous permettra de jouer aux boules le vendredi, jour de repos pour tous.
La base de Mers el Kebir est déserte mais quel beau panorama et quelle évocation d'un gachis historique.
Dans ce lycée algérien le proviseur est une femme à fond pour l'arabisation, mais elle passe ses vacances dans l'Ardèche.
Les maths, la physique, les sciences naturelles, la gymnastique, la philo. sont enseignés en français dans des classes bilingues préparant à un baccalauréat donnant l'équivalence du baccalauréat français.
Tlemcen:
tlemcenLe proviseur a enseigné en France, il mettra un point d'honneur à nous faire visiter une mosquée, interdite aux touristes.
Nous verrons des villages socialistes où les terres agricoles sont partagées mais le rendement a tendance à baisser et en ce moment il y a pénurie de pommes de terre, alors que l'on peut faire deux à trois récoltes par an. Mais aussi pénurie de bières, de lampes électriques et même d'eau à Alger.
Retour par la route à Oran et en boeing 737 à Alger:
Il ramène aussi des texans prospecteurs de pétrole, on survole le site d'Arzew, riche en gaz et pétrole.
Au delà de Blida, Médea et la vallée de la Chiffa:
Les singes en liberté prospèrent dans des gorges impressionnantes, encore de nombreuses inspections a effectuer.chiffa
Le Sahara par la route:
La piste est bien goudronnée et même balisée à de nombreux endroits par des bordures de trottoirs et des lampadaires qui l'éclairent généreusement surtout dans la traversée des villages où se dressent des hlm importées d'URSS.
Beaucoup attendent le camion de livraison de gaz avec leurs bouteilles vides.
On rencontre de nombreux cadavres d'ânes et de jeunes dromadaire surpris par les phares des camions de nuit.
A Lagouath les aviateurs s'entraînent avec des migs soviétiques.
Le chauffeur de l'ambassade cherche un poste d'essence et veut absolument du super, il demande en arabe  à un passant qui me voyant, lui répond en français, me disant qu'il avait travaillé chez Renault ; chauffeur intégriste refusant d'être convié au restaurant avec sa femme.
Des coopérants seront vus à Ghardaï,Ouargla, Touggourt.

De Lagouat à Ghardaï:
 C'est vraiment le désert, chameaux, dromadaires, moutons épars, on croise des mozabites reconnaissables à leur habit particuliers, pantalons golfs en toile bleue.
Dans ce lycée 2 surveillantes générales, les lycée comptent plusieurs milliers d'élèves, filles et garçons, des filles en blue jean ou
voilées.
Des bases militaires au milieu des sables semblent garder les ressources du sous sol.
De Ghardaï et Ouargla à Touggourt:
palmeraie

A Ouargla l'inspecteur d'académie m'accueillera très chaleureusement en me disant que j'étais ici chez moi, humour, provocation ou sincérité?
Les oranges du jardin de la résidence sont magnifiques.
Les land rover Lada découpent le vent de sable sur la route de l'aéroport, un boeing 737 d'Air Algérie qui emploie des pilotes français me ramènera à Alger, cette vue aérienne des dunes de sable est grandiose, avec des palmeraies havre de paix.
Après une nuit dans un hôtel de Touggourt assez vide, les cafards se promènent librement; dans la ville des prisonniers de balaient les rues, plus de mendiants ils ont été envoyés dans des camps, ce que disent les journaux français.
On croise d'anciens coloniaux, la guerre ici n'a pas été aussi violente, ils font encore des affaires...Les supermarchés sont tristes et mal approvisionnés.
A Touggourt:
On voit des bidons ville de noirs dans les sables, ils sont considérés comme des esclaves par les arabes.sahara
Les professeurs coopérants ont organisé des travaux pratiques par groupes en sciences physiques, tenant compte de mes recommandations; ils se plaignent du manque de matériel et de sa détérioration, mais faire l'électrolyse de l'eau au milieu du Sahara, c'est sans doute un exploit!
On trouve des fondations catholiques dont les religieuses vendent les fabrications de leurs pensionnaires.

En conclusion:

Beaucoup d'hommes de différentes nations ont coopéré avec ce pays très riche de par ses ressources en pétrole et gaz; des américains qui ont appris l'arabe avant de partir, des roumains qui parlent français, des égyptiens dont la langue est mal comprise, mais qui sont là pour apprendre aux élèves l'arabe classique académique, ingénieurs, techniciens, professeurs se cotoient mais ne se comprennent pas forcément!
Dans les lycées les élèves préfèrent les professeurs français aux roumains ou égyptiens.
Entre Ouargla et Touggourt je vois au passage les champs de pétrole d'Hassi Messaoud bien gardés par des grillages et barbelés.
C'est ensuite un retour rapide vers Paris-Orly à bord d'un boeing 727 d'Air Algérie.
Ce ne fut pas une mission touristique car beaucoup de classes de coopérants à visiter pour l'évaluation de leurs compétences, dans un contexte et environnement très particulier, de nombreux kilomètres parcourus en voiture et en avion; mais des rencontres très enrichissantes dans tous les domaines.

Roger Boudy.
D'après des notes prises en mission Jonzac 1979; Coulounieix 2010.

A voir documentation et témoignages de VSNA et autres coopérants:
Gérard Lambert
http://cooperation-en-algerie.hautetfort.com/ ?
http://perso.orange.fr/gelambre/site_vsna.htm

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