Témoignages:

 du 2e Directeur Hubert Lemée    1979-1992

du 5e directeur François Le Ménahèze    2000-2004

Les pionniers et acteurs de l'école Ange Guépin 

Les maîtres actuels   

          
Un grand merci encore pour avoir sorti de terre cette école qui reste unique et d'une créativité exemplaire. Cordialement   François Le Ménahèze 


   
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Hubert Lemée

Nantes le 21 octobre 2007






Cher M. Boudy



C'est avec un grand plaisir que j'ai reçu votre courrier évoquant les souvenirs de l'école Ange Guépin. Ils sont toujours vivants et le long entretien que j'ai eu avec Julie

Pagis m'a permis de renouer encore plus profondément avec un cheminement, un engagement dans un projet qui, en ce qui me concerne, a duré de 1979 à 1992, date de mon départ en

retraite.
Pendant toute cette période l'école Ange Guépin est restée fidèle aux objectifs et à l'action pédagogique mis en oeuvre lors de sa création. Quelques dispositions nouvelles sont

venues enrichir et consolider l'organisation initiale de l'école :
- direction collégiale avec le partage des indemnités de direction.
- découverte, apprentissage et pratique de la responsabilité individuelle et collective à travers "les règles de vie" fruit d'une réflexion commune enfants-équipe enseignante.
- participation à des projets ouverts sur le quartier, la ville, le monde : échanges, correspondance, activités artistiques (musiques, danses, théâtre) et sportive, classe de découvertes nature : mer, montagne, campagne.
-coopération étroite avec les parents.
Un récent article du journal Ouest-France montre que cette dynamique est bien actuelle.
Les points forts que je viens de citer sont mis en pratique avec autant de force de conviction.
Le quartier de Malakoff est en pleine transformation : désenclavement du site, rénovation des habitations.
Après quelques fluctuations de l'effectif, l'école a retrouvé sa structure originelle de cinq classes. Cette année un centre de loisirs nouvellement construit et attenant à

l'école fonctionne depuis la rentrée. Des salles sont accessibles par l'intérieur des locaux scolaires et offrent ainsi de nouveaux espaces d'activités.
Annick Corlay a pris sa retraite et habite Basse-Goulaine, commune proche de Nantes. Nous avons des contacts réguliers et participons ensemble à des activités d'animation :

poésie, calligraphie chinoise, expositions.
Assez fréquemment, je rencontre à Nantes des ancien(nes) élèves. Ils (où elles) gardent de leur passage à Ange Guépin une mémoire vivante en indélébile: " pendant mes années à

l'école, je me suis construit"
" j'ai appris à réfléchir, à avoir l'esprit critique...."
" Hubert, je n'oublierai jamais ce que tu m'a appris."
" c'est la fête de l'école, "voyage en Chine", qui m'a donné envie d'apprendre le chinois...."
De nombreux parents ont gardé des liens d'amitié et nous nous retrouvons parfois lors de soirées conviviales.
Tous ces témoignages éclairent notre réflexion et nous encouragent à vivre, là où nous sommes maintenant, dans d'autres actions, la belle aventure de l'école ouverte Ange-Guépin.
Bien amicalement.
Hubert Lemée
P.S. : je vais contacter Julie Pagis pour avoir des nouvelles.






Années 1993 à 2004 à l’école Ange Guépin

François Le Ménahèze témoigne de ses années dans une équipe Freinet, de l’implantation dans une école existante déjà autour d’un projet d’école ouverte.

  C’est durant l’année  scolaire 1992-1993 que j’ai rencontré à  plusieurs reprises le directeur en place de l’école Ange Guépin, Hubert Lemée. Il était devenu impossible pour moi de poursuivre mon cheminement professionnel de manière isolée (même si je travaillais déjà à l’époque dans le groupe Freinet du département). Je travaillais depuis trois ans dans une école rurale dans laquelle j’ai connu moultes difficultés, en particulier avec les parents d’élèves et la directrice de l’école. Et, pourtant, c’était là que je faisais la connaissance de celui qui prendra des années plus tard la relève à l’école Ange Guépin. Comme quoi…le vers était déjà dans le fruit…

Je cherchais donc une école à investir, une équipe à construire. Ange Guépin ne demandait que cela car l’actuel directeur était sur sa dernière année avant la retraite et s’inquiétait de l’évolution de l’école. Il se retrouvait très isolé dans l’équipe qui avait perdu sa dynamique du fait des départs réguliers et des aléas des nominations. Il craignait de plus de voir la direction demandée par un collègue qui était depuis déjà un an à l’école et n’envisageait cette école comme une mise en valeur personnelle.

Je réussissais à convaincre un ami du groupe Freinet local, Yves Fradin, de demander les postes vacants avec moi. Il travaillait pourtant dans le spécialisé (segpa) mais il n’hésita pas à venir rejoindre ce beau projet. Cette école s’offrait à nous, à la pédagogie Freinet. Depuis son origine, elle disposait déjà d’une histoire d’aventure pédagogique et humaine. Elle avait été en tout cas réfléchie dans un cadre d’ouverture, de par son projet d’origine, de par les personnes qui l’ont fait vivre.

Grande chance au moment du mouvement, nous obtenions nous deux les postes vacants. Malheureusement, je n’obtins pas la direction. Ca ne nous apparaissait pas très grave dans un premier temps, mais ça l’était car c’est le collègue déjà en place qui l’obtint…et ce qui avait été pressenti se révéla exact. Il n’avait aucun projet pour cette école à part une certaine reconnaissance auto-centrée personnelle et institutionnelle. Les premières années se révélèrent donc très difficiles ; notre objectif (nous étions au moins trois– la majorité de l’équipe - avec Yves Fradin et Monique Cottereau – déjà travaillant depuis quelques années à Ange Guépin) était d’orienter l’école en pédagogie Freinet.

C’est cependant durant ces années que nous avons travaillé à la constitution d’une Charte pour l’école. Celle-ci a vu le jour en 1996, accompagné d’un règlement intérieur. Il s’agissait d’élaborer notre cadre commun, notre argumentaire philosophique, politique, pédagogique que nous voulions de cette école. Ce travail « théorique » sur nos principes de travail était essentiel. Il nous donnait le sens, la cohérence que nous cherchions et surtout des bases solides de travail au quotidien, avec les enfants, avec les parents, avec l’institution.

Durant ce temps, et des difficultés occasionnées par notre cher directeur qui maintenait des pratiques pédagogiques …et humaines…on en peut plus traditionnelles, la situation est devenue très conflictuelle et c’est l’action des parents qui a définitivement conclu son départ de l’école.

La voie était libre pour travailler autour de notre Charte et de construire à partir des principes et pratiques de la pédagogie Freinet, notre organisation pédagogique et nos propres outils.

Notre collègue, Monique Cottereau, a assuré la direction en raison de son ancienneté dans le métier (il fallait en effet jongler avec les barèmes de chacun pour conserver la direction dans nos rangs). J’ai pris la direction ensuite pendant quelques années pour la laisser à Françoise Salmon – qui est partie depuis dans la région parisienne et est rentrée au CA de l’ICEM (là aussi avec un jonglage entre les postes d’adjoints et de direction) pour conserver la direction de l’école. Celle-ci l’a laissé en 2005 à Paul Calard, actuellement directeur de l’école. Entre temps, était venue nous rejoindre une collègue qui a beaucoup influencé la dynamique de l’équipe, Cat Ouvrard – depuis également devenue secrétaire nationale de l’ICEM et ayant conservé un poste sur le quartier Malakoff.

 

L’équipe a donc enfin pu se construire autour d’une direction collégiale effective et de la constitution de classes en classes de cycle.

Nous avons pu faire vivre à la fois la Charte de l’école et le règlement intérieur, document essentiel là aussi car reprenant nos pratiques réelles au niveau de la responsabilisation des enfants dans l’école et notre réel souci d’éducation à la citoyenneté.

Ce travail coopératif ne pouvait évidemment en rester là. Il ne prenait sens que si nous construisions parallèlement un certain nombre d’institutions, d’outils qui devaient représenter l’illustration quotidienne de notre travail.

Parallèlement à cette lente construction de notre projet, nous déclinions déjà dans nos classes un certain nombre de pratiques. Celles-ci furent donc mises à  plat, mutualisées pour figurer dans la Charte mais surtout aussi pour nous construire une culture commune de réflexion, de pratique quotidienne dans la classe, dans l’école.

Prirent alors naissance …ou du moins réalité…quelques pratiques indispensables pour nous à l’époque :

- La composition en classes de cycles : n’ayant malheureusement pas de maternelle, nous organisions l’école en deux classes de cycle 2 (cycle des apprentissages fondamentaux, correspondant à GS, CP et CE1 – nous n’avions pas les GS) et trois classes de cycle 3 (cycle des approfondissements, correspondant à CE2, CM1, CM2) ;

- Le conseil d’enfants de l’école, en articulation avec les conseils de classe (voir l’organisation  plus précise dans la Charte), avec l’enjeu de former chaque année le maximum de délégués enfants ;

- Le livret de formation, décliné en compétences de cycles (qui a d’ailleurs depuis servi à de nombreux collègues qui ont  pu l’adapter à leurs conditions) ;

- La direction collégiale, organisée autour de responsabilités réparties au sein de l’équipe et en fonction de son degré d’implication et de ses compétences ; régulée par un conseil des maîtres hebdomadaire ;

 

Ce travail de l’équipe pédagogique se confrontait régulièrement à quelques « experts freinétiques » que nous avions la chance d’avoir à proximité :

-un collègue « à la retraite » mais encore tellement actif (Jean Le Gal) pour tout ce qui était construction de la loi et élaboration du règlement intérieur. Connaissant  son exigence et ses compétences, il ne s’agissait pas seulement de mettre tout cela sur le papier, mais bien de le confronter à la pratique quotidienne. Notre maxime de praticiens-chercheurs devenait enfin une réalité.

-et puis venait se greffer à cela un autre trublion-chercheur (André Mathieu) qui démarrait alors le travail sur sa thèse autour de la démocratie dans  une équipe Freinet. Inutile de vous dire que  les apports en la matière furent réciproques (Mathieu A., « De la théorie démocratique à son essai d’application dans une école Freinet », thèse doctorat Bordeaux 2, 2004)

Les observations, remarques de ces deux « analyseurs » nous obligeaient à nous sortir de notre réalité quotidienne si prenante lorsqu’on est enseignant Freinet impliqué quotidiennement dans une équipe. Cette prise de recul nous a sans doute permis bien des avancées dont nous n’avons plus maintenant conscience mais qui permettaient à cette équipe de se construire et, surtout, de faire vivre la pédagogie Freinet avec cette centaine d’enfants de tout horizon qui travaillaient à nos côtés.

 

Nous avons du travailler aussi parallèlement un autre élément important. Lors de notre arrivée, l’hétérogénéité de la population scolaire était réelle mais sans doute très disproportionnée. En effet, les familles effectuant un choix éducatif quant à l’inscription de leur enfant à l’école étaient importantes en nombre. Cela se ressentait sur toute une vie d’école qui était très forte, une présence importante des parents dans les activités de classe et hors classe. Quelques souvenirs :

-le « coup de pouce » du soir, organisé par quelques parents pour prendre en charge après la classe quelques enfants en difficulté ;

-la vie de la BCD, animée en grande partie par des parents, puis naissance des premiers emplois d’animation de BCD ;

-des ateliers musique fréquents coordonnés par les parents

On ne peut pas dire que cette démarche volontariste des parents nous déplaisait, mais en notre for intérieur, nous avions l’impression que nous ne travaillions pas en pédagogie Freinet pour ces familles.

Cette réflexion a coïncidé à ce qui s’échangeait également au sein du réseau des équipes Freinet en France, car le constat était le même pour un certain nombre d’équipes. C’est le moment où nous avons travaillé à une plate-forme des équipes Freinet qui recentrait notre action auprès des milieux populaires. Cela coïncidait aussi avec les projets d’établissements innovants qui fleurissaient à l’époque au niveau national et que nous pouvions porter au niveau de l’ICEM et en particulier au niveau du réseau des équipes.

Ces constats et réflexions nous ont amenés au fur et à mesure à prendre des options plus franches à l’égard des inscriptions : inscriptions directes des enfants du quartier, vigilance face aux demandes extérieures…. C’est ainsi sans doute que nous avons recentré l’école sur une plus grande hétérogénéité avec une orientation forte sur le quartier. Nous avons alors, grâce aussi au changement d’inspecteur, obtenu d’être école associée à la ZEP. Entre temps, nous avions obtenu un statut d’  « école à favoriser », compte tenu d’une population scolaire très hétérogène, avec en particulier un nombre important d’enfants en grande difficulté. 

 François Le Ménahèze, octobre 2007


Les pionniers et acteurs de l'école Ange Guépin               


La chercheuse déclencheuse de souvenirs Julie Pagis 2007
Pionniers 1e époque Malakoff 5  
1e directeur André Sévère 1975-1979
Pierrette Jochaud 1975
M.Banes 1975
Melle Loussouarn 1975
Annick Corlay 1975
Melle Denizeau 1975
1e conseiller pédagogique René Jan 1975
Le créateur Roger Boudy IDEN Nantes3 1973-1977
2e époque  
2e Directeur Hubert Lemée 1979-1992
3e époque  
3e directeur  Erick Harbonnier 1993-1996
   
4e époque  
4e directrice   Monique Hivert (Cottereau) 1996-2000
   
5e époque  
5e directeur François Le Ménahèze 2000-2004
   
6e époque  
6e directrice         Françoise Salmon     2004-2005 :
 
7e époque  
7e Directeur en poste actuellement Paul Calard 2005-
   
Partenaires  
Architecte Ville de Nantes M. Evano 1975
Nathalie Croguennoc mouvement Freinet 2007

Les maîtres actuels
Bonjour,
je suis enseignant à l'école Ange Guépin, et c'est vraiment super de découvrir l'histoire de cette école à travers votre site!  julien LEAUTE

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